Il était une fois ceci n'est pas un conte mais une triste réalité, un site superbe menacé par l'activité des promoteurs de remontées mécaniques. Il était une fois des gens qui ont dit « NON » : des habitants amoureux de leur montagne sauvage, des touristes émerveillés par un décor étrange et lunaire, des scientifiques de France, d'Europe, du monde désireux de vouloir sauver un lien unique.
Du Massif de Warens aux Grandes Platières en passant par le Dérochoir, le site classé du Désert de Platé touche les communes de Passy, de Magland et de Sallanches et intègre des lapiaz (formation calcaire typique) des aiguilles, des alpages.
Le désert de Platé (42 km² environ) constitue, avec les Aravis, le plus vaste et le plus bel ensemble karstique (ici calcaire) d'Europe, mondialement connu des géologues et des spéléologues. Un karst est une région souvent très fracturée, soumise à une considérable érosion provoquée par la dissolution du calcaire compact sous l'action conjuguée de l'eau et du dioxyde de carbone (CO₂). Ainsi se creusent en profondeur des galeries et des gouffres.
Les calcaires très variés de Platé se sont formés pendant des millions d'années, des ères Secondaire et Tertiaire, par le dépôt au fond des mers de débris d'algues, de coraux, de coquilles ou de squelettes d'animaux. Leur étude permet de reconstituer l'histoire de la Terre, de sa formation et des climats de ces époques.
En surface, les pluies, le gel, le vent ont creusé, sculpté des lapiés. Ici des fissures parallèles figurent les crevasses d'un glacier ; là, ce sont des blocs aux formes arrondies et contournées ; plus loin, des dalles immenses, des entassements irréguliers.
C'est un décor lunaire, fantastique qui surprend et émerveille. Dans les creux où s'est accumulé un peu d'humus (30 cm de terre ont nécessité de 15 000 à 40 000 ans de formation) va se développer une flore d'altitude originale et colorée dont quelques espèces rares et protégées ne se rencontrent que là.
Une faune tout aussi variée évolue au milieu des lapiés : bouquetins majestueux, marmottes curieuses, hermines gracieuses et ces espèces témoins des époques glaciaires : lièvres variables et lagopèdes. Dans le ciel planent l'aigle royal et le gypaète barbu. Tous patiemment observés et photographiés par le naturaliste Georges Lacroix.
Le livre du géologue Michel Delamette a récemment mis en évidence la valeur du site de Platé, patrimoine unique et fragile qui mérite une protection vigilante ; c'est une richesse de l'humanité, un laboratoire naturel de karstologie de haute altitude. Mais tous les hommes s'en rendent-ils compte ? Pour certains, ces amas de pierres sont tout juste bons, lorsque la neige les recouvre, à faire évoluer (moyennant finance) des skieurs, face au Mont-Blanc (qu ils ne verraient même pas, emportés par leur vitesse !)
Il faut donc maintenant sensibiliser les habitants et les touristes à la valeur scientifique et à la beauté unique de ce site. Il faut par des panneaux, discrets et bien placés, attirer l'attention des visiteurs ; qu'ils puissent aussi au chalet du CAF, auprès de gardiens, trouver renseignements et documentation ; et pourquoi pas un petit livre guide pour faire connaîte l'intérêt de Platé et assurer sa protection?

ASSOCIATION DÉSERT DE PLATÉ TEL : 04.50.58.83.73

Décret de classement (PDF)

 PhM - maj : 2014-08-09